La proposition actuelle de l’UE pour la REP n’arrête pas le colonialisme des déchets - Lisez ici notre analyse et les amendements ciblés
La Or Foundation est le facilitateur de la campagne Stop Waste Colonialism, mais la communauté de Kantamanto est la force motrice. Nous exigeons que la communauté de Kantamanto reçoive le respect qui lui est dû et les ressources qu’elle mérite. Nous appelons les décideurs politiques à mettre en œuvre des programmes de REP pour les textiles et à catalyser une transition axée sur la justice d’une économie linéaire des textiles à une économie circulaire des textiles, basée sur trois principes clés : les coûts internalisés de la gestion des déchets, la responsabilité mondiale, la divulgation pour stimuler les objectifs de circularité.
Qu’est-ce que le colonialisme des déchets ?
- Kantamanto voit 15 millions de vêtements chaque semaine. On estime que 40% de la balle moyenne reste invendue et quitte Kantamanto sous forme de déchets, provoquant une crise de santé publique, piégeant les détaillants dans l’endettement et détruisant l’environnement.
- Des jeunes filles de neuf ans effectuent le travail éreintant et parfois fatal de transporter à la tête des balles de 55 kg à travers le marché, travaillant dans l’esclavage moderne.
- La communauté de Kantamanto dépense 325 millions de dollars américains en balles chaque année, dont 182 millions de dollars ont été payés aux exportateurs du Nord en 2020.
- Le commerce des vêtements de seconde main a commencé sous le colonialisme et, bien que 1957 marque l’indépendance du Ghana, les dynamiques de pouvoir colonial persistent, le Nord étant l’« expéditeur » et le Sud le « récepteur » de vêtements de seconde main.
- Le commerce des vêtements de seconde main a mis à mal le secteur textile du Ghana, qui est passé de 25 000 emplois en 1975 à 5 000 emplois en 2000.
Le colonialisme des déchets, c’est quand un groupe de personnes utilise les déchets et la pollution pour dominer un autre groupe de personnes sur leur propre territoire. Le terme a été enregistré pour la première fois en 1989 lors de la Convention de Bâle du Programme des Nations Unies pour l’environnement, lorsque les nations africaines ont exprimé leur inquiétude quant au déversement de déchets dangereux par les pays à PIB élevé dans les pays à faible PIB. Le colonialisme des déchets est généralement utilisé pour décrire la domination des terres à des fins d’élimination, également appelée « puits », et cela est très visible dans le contexte du marché de Kantamanto à Accra, le plus grand marché de seconde main au monde.
Qu’est-ce que la REP ?

La REP signifie Responsabilité Élargie des Producteurs.
La Responsabilité Élargie des Producteurs est une politique environnementale et une forme de gestion des produits qui étend la responsabilité d’un producteur pour un produit à l’étape post-consommation du cycle de vie d’un produit.
Aujourd’hui, il existe plus de 400 programmes de REP dans le monde, dont 35% pour l’électronique, 18% pour les pneus, 17% pour les emballages, 12% pour les véhicules / batteries automobiles et 18% pour d’autres secteurs tels que la peinture (source : OCDE).
Quel est le statut de la REP pour les textiles ?
Que pourrait devenir la REP ?
Nous pensons que la REP a un potentiel significatif pour catalyser une transition axée sur la justice d’une économie textile linéaire à une économie textile circulaire. Pour ce faire, nous appelons les décideurs politiques à mettre en œuvre des programmes de REP pour les textiles basés sur trois principes clés.

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Coût de gestion internalisé
Les frais de REP doivent s’aligner sur les coûts de gestion des déchets éco-modulés tout au long de la chaîne d’approvisionnement inverse mondiale et doivent inciter financièrement aux alternatives aux pratiques de déchets linéaires. Nous demandons des frais éco-modulés commençant à 0,50 USD par vêtement nouvellement produit comme taux plancher pour les programmes de REP. -
Responsabilité mondiale
Les programmes de REP doivent s’aligner sur la réalité de la façon dont les déchets circulent dans le monde, en distribuant des fonds pour permettre une infrastructure circulaire dans le Sud comme dans le Nord et pour tenir compte des pertes et dommages déjà subis par l’excès de déchets de la mode envoyés dans le monde entier à des communautés sous-équipées et vulnérables au climat. -
Divulgations pour stimuler les objectifs circulaires
Afin d’atteindre des frais de REP éco-modulés, les programmes doivent exiger des entreprises qu’elles divulguent les volumes de production le long de chaque tranche d’éco-modulation. Nous demandons que ces informations soient accessibles au public par entreprise et que des objectifs de réduction quinquennaux pour les nouveaux vêtements d’au moins 40% sur cinq ans soient équilibrés avec l’augmentation de la réutilisation et de la re-fabrication des matériaux existants.
Kantamanto exige le changement
Composée de 30 000 personnes au sein de l’écosystème du marché, Kantamanto s’efforce de revendre, réparer et revaloriser avec succès environ 25 millions de vêtements par mois, ce qui en fait la plus grande économie de réemploi et de revalorisation au monde.

Kwaku Mensah
Tailleur Kantamanto, Délégation France

Paul Tenkorang
Détaillant Kantamanto

Alice Gyamina
Tailleuse Kantamanto

Sampson Mante
Détaillant Kantamanto

Dennis Dagbaeneva
Tailleur Kantamanto

George Aboagye
Détaillant Kantamanto

John Opoku Agyemang
Tailleur Kantamanto

Juliet Nyarkoa
Détaillant Kantamanto

Kofi Boahen
Détaillant Kantamanto

Kwabena Anim
Tailleur Kantamanto
